Citoyens contre le Plan Nord : la manifestation tourne court

Manifestants contre le Plan Nord , 8 février 2013 (crédit photo: Xuân Ducandas)
Manifestants contre le Plan Nord , 8 février 2013 (crédit photo: Xuân Ducandas)

Trente-six arrestations et une vitre brisée : c’est le bilan de la manifestation contre le Plan Nord organisée ce samedi à l’initiative du Réseau de Résistance du Québécois (RRQ). Moins d’une heure après le début de l’évènement, les quelque 200 manifestants ont été dispersés par la brigade anti-émeute du Service de Police de la Ville de Montréal.

Réunis malgré le froid hivernal, des dizaines de citoyens s’étaient  massés sur la place Jean-Paul Riopelle, en face du Palais des Congrès de Montréal où se tenait le Salon des ressources naturelles, cible du courroux des manifestants. « Police partout, justice nulle part », « PQ : Pourquoi le Québec ? », « Marois, hou-hou » scandaient-ils dès neuf heures du matin, reprenant quelques-uns des slogans popularisés lors du printemps érable. Parmi l’attroupement, des membres du RRQ, des anarchistes, des représentants des communautés autochtones, quelques carrés rouges mais surtout bon nombre de citoyens inquiets.

Une solidarité contre le Plan Nord

« Nos territoires abritent parmi les derniers écosystèmes sauvages de la planète », rappelle Patrick Bourgeois, diplômé en histoire et président du RRQ, mouvement indépendantistes et révolutionnaire. « Les Québécois ont la responsabilité de les protéger. Il est absolument scandaleux de détruire l’environnement pour l’enrichissement de quelques-uns, tel que le prévoit le Plan Nord. » L’organisateur de la manifestation déplore la poursuite, par le gouvernement péquiste, du projet initié par leurs prédécesseurs libéraux, d’autant plus que celui-ci prévoit l’exploitation de ressources naturelles du Nord du Québec par des compagnies étrangères.

Pour Patrick Bourgeois, l’importance de la cause doit transcender les couleurs politiques. « Nous avons une logique de coopération avec les autres, nous sommes très ouverts. C’est pourquoi nous avons invité les anarchistes à se joindre à nous même si nous ne partageons pas les mêmes idées habituellement. »

La présence autochtone est également soulignée par M. Bourgeois : « Je veux que ce pays soit respectueux de la planète, de l’environnement mais aussi des Amérindiens. »

Claude Talbot, Montréalais de 65 ans, brandissait à cet effet un drapeau Mohawk. « Je suis un non-autochtone, mais nous devons tous être unis face à l’oppression colonialiste. C’est grâce aux Amérindiens que j’ai compris la nécessité de protéger notre Terre-Mère. Ce sont eux les grands défenseurs de l’environnement, nous avons beaucoup à apprendre d’eux. » Ce camionneur à la retraite tenait à être présent malgré la température peu clémente : « Au moment où je vous parle, il y en a qui se permettent de marchander la planète. On détruit la forêt boréale dans le parc de la Vérendrye. Nous sommes dehors à nous geler pour faire passer un message de paix, d’amour et d’humanisme. »

La manifestation dégénère

L’omniprésence des agents du SPVM déployés sur les lieux n’a pas manqué d’attirer les foudres de certains manifestants. « La réaction de la police est exagérée, estime Claude Talbot. Ils essaient de nous faire passer pour des terroristes. » La tension grandissante des échanges entre défenseurs de l’environnement et policiers inquiète le retraité. « Il ne faut pas répondre à la provocation par la provocation. Je vais tout faire pour empêcher les gestes de violence : c’est aussi mon rôle de protéger les plus jeunes. »

Peu avant dix heures, le bris d’une vitre du Palais des Congrès et le jet d’un pétard ont entraîné l’intervention d’une centaine d’agents de la brigade anti-émeute. Par la suite, les forces de l’ordre ont donné l’ordre de dispersion au porte-voix, déclarant la manifestation illégale. La police a procédé à 36 arrestations parmi les manifestants, dont certains s’étaient dispersés dans les rues avoisinantes du centre-ville.

Rejoint par téléphone, le porte-parole du SPVM Ian Laferrière a affirmé regretter la tournure des évènements. « Nous ne sommes pas là pour empêcher les gens de manifester. Mais il y a eu des actes criminels. À partir de là, nous employons tous les moyens nécessaires pour disperser la foule. »

En fin de matinée, quelques militants en colère continuaient toutefois à s’attarder aux abords du Palais des Congrès. Sur l’une de leurs banderoles, on pouvait lire : « Nous sommes la rage vivante d’une planète mourante. »

Reportage par Xuân Ducandas

Réalisé le 8 février 2013 dans le cadre du certificat en journalisme de l’Université de Montréal

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